L’achat d’actes sexuels constitue une violence sexiste et sexuelle en soi à laquelle s’ajoutent les violences (physiques, psychiques et sexuelles, pouvant aller jusqu’au meurtre) exercées par les acheteurs et les proxénètes. Sur les 35 féminicides prostitutionnels de ces dix dernières années, au moins 18 ont été perpétrés par des « clients » prostitueurs, 2 par des proxénètes et 12 restent non élucidés.
L’achat d’actes sexuels est l’unique ressource financière du proxénétisme et de la traite des êtres humains.
Aujourd’hui, l’État français ne permet pas à toutes les personnes souhaitant sortir de la prostitution de le faire. Dans de nombreux départements, des femmes et des hommes souhaitant sortir de la prostitution ne peuvent pas accéder au Parcours de sortie de prostitution par manque de moyens dédiés par l’Etat à la mise en œuvre de ce dispositif (des commissions trop rares, des délais d’attente de plusieurs mois pour une prise en charge par une association). Lorsque leur demande peut être présentée, elle est parfois refusée sur des motifs non valables au regard de la loi. Et lorsqu’elles y accèdent, elles sont maintenues dans une situation de précarité avec une allocation mensuelle représentant moins du tiers du seuil de pauvreté (330€).
Aujourd’hui, l’État français ne se mobilise pas suffisamment pour prévenir cette violence sexiste et sexuelle auprès des jeunes, et de l’ensemble de la société.
Il existerait en France entre 6.000 et 10.000 mineur.e.s en situation de prostitution. Recrutées par des réseaux de proxénètes, parfois exploitées par d’autres jeunes du même âge, ces jeunes victimes de la prostitution sont des cibles prisées des réseaux criminels et des « clients » prostitueurs, en recherche de filles toujours plus jeunes. Les causes sont multiples. Si la précarisation de la jeunesse en est une, le renforcement des modèles commerciaux autour de la féminité, l’hyper-sexualisation et son corollaire masculin le virilisme, tels qu’ils sont mis en avant dans la télé-réalité, les réseaux sociaux ou la pornographie jouent également un rôle majeur. Mais le premier facteur de maintien et de développement de l’exploitation sexuelle des mineur.e.s est l’impunité quasi-totale des clients prostitueurs de mineur.e.s, presque jamais poursuivis et condamnés dans les procès de proxénétisme des mineur.e.s.
La diplomatie française a formellement adopté le concept de « diplomatie féministe » initialement développé par la Suède, champion mondial de l’égalité femmes-hommes et premier pays à avoir interdit l’achat d’actes sexuels. Dans le cadre d’une stratégie conjointe avec le Gouvernement suédois, la France a aussi posé en 2018 les bases d’une « diplomatie abolitionniste ». Cette stratégie doit désormais être mise en œuvre plus concrètement dans les relations bilatérales mais aussi dans les enceintes internationales.
Malgré ses objectifs affichés, l’Agence Française de Développement n’apporte qu’un soutien limité aux associations de terrain de défense des droits des femmes et de lutte contre les violences sexuelles et sexistes et n’a pas développé de soutien direct aux associations du Sud luttant efficacement contre l’exploitation de la prostitution d’autrui et la traite des êtres humains.